Aleth l'insolite

 

ALETH L’INITIATRICE

I


Alet les Bains ! L’Antique Cité d’Aleth…
Posée sur une étroite plaine alluviale, à mi-chemin des Gorges de Cascabel au Sud et du Pas du Loup au Nord, encadré par le Causse de St Adrien à l’Ouest, les crêtes de St Salvayre à l’Est, sise en bordure de la rive droite de l’indolent et néanmoins colérique fleuve Aude, la petite cité deux fois millénaire, illuminée par le prodigue Soleil du Midi, respire et s’agite dans une sorte de demi-sommeil rythmé par les saisons.
Placée au milieu des hautes collines des Corbières et habillée comme d’un écrin de verdure, elle est ainsi, précieuse relique de notre passé comme protégée des atteintes du temps. Si l’on devait choisir un unique adjectif afin de qualifier l’ensemble des sensations dégagées par ce lieu, ce serait à coup sur l’adjectif « privilégiée ».
Oui ! Privilégiée, cette petite ville en plein cœur du Pays Cathare, privilégiée par son emplacement à mi-chemin du cours de l’Aude, citée épiscopale au centre du Grand Comté de Razès, entre Corbières, et Pic de Brau, presque à égale distance de la Mer et des Pyrénées. Privilégiée, par les sources d’eaux thermales, alchimie permanente des eaux des versants Ouest des Corbières plongeant dans les entrailles de la Terre, frôlant son cœur en fusion se chargeant en calories pour mieux ressortir dispensant leur chaleur bienfaisante aux hommes qui depuis la nuit des temps fréquentèrent ces lieux. Ces mêmes sources s’étant chargées de minéraux durant leur parcours souterrain leur conférant ainsi des vertus des plus curatives.
Privilégiée car malgré les immanquables atteintes du temps, la cité a su préserver, à l’intérieur de ses murs, le long de ses ruelles étroites, son caractère pittoresque et authentique.
II
Découvrant Alet souvent au hasard de ses pérégrinations, à son tour le visiteur tout en se complaisant dans l’idée d’être comme un voyageur hors du temps, se laisse peu à peu envahir par cette sensation d’être comme un être privilégié se retrouvant dans l’intimité d’une ville médiévale.
Cette sensation d’être dans une dimension « hors du temps » ne manquera pas de s’emparer du visiteur dès que celui-ci pénètrera dans la Place de la République : dans cet anneau formé par les façades des maisons bourgeoises mêlant édifices aux architectures en colombage et en encorbellement avec des bâtiments en pierre de taille.
Notre visiteur endossera son costume de « chrononaute » et initiera sont « voyage dans et hors le temps » en tournant sur lui-même, dans le sens des aiguilles d’une montre, en considérant, au Nord, les maisons à colombages du XIVème, XVème, XVIème siècle, à l’est, une autre bâtiment à colombage, « l’Auberge de la Main d’Argent » (XVème - XVIème siècle) suivi immédiatement de « La Maison du Régent (XVIIème) » ainsi nommée parce que Mazarin y fit halte lors de sa mission d’ambassade pour arranger le mariage de l’Infante de Castille et le futur Roi Louis XIV.
Continuant son mouvement de rotation, le chrononaute trouvera au sud des bâtiments plus récents (XVIIIème et XIXème siècle), imposantes maisons bourgeoises, dont l’une fut le siège d’un restaurant fort réputé du temps où Alet connaissait son apogée en tant que « ville d’eau ».
Tout à sa rotation, le champ de vision du chrononaute aura capturé l’image de la statue ornant la fontaine de la place, façonnée dans le plus pur style de la IIIème République, frappée de l’inévitable et ostentatoire devise « LIBERTE, EGALITE, FRATERNITE ».
Arrêtant son mouvement sur le côté ouest, le chrononaute aura en face de lui un bâtiment en pierre de taille, dont les étages supérieurs s'avançant sur la place sont posés sur des arcades formant ainsi un couvert : c’est l’Ancienne Mairie. Elle fut aussi, en son temps, « Salle d’Arme » et prison, mais à l’origine elle abritait « l’Assiette Diocésaine », rappelant ainsi qu’Alet fut pendant longtemps le siège d’un riche et puissant évêché…
III
Tout à ses réflexions, les pensées du chrononaute l’amèneront insidieusement à reconsidérer la statue de la fontaine, et, interrogeant un passant, ce dernier ne lui manquera pas de lui répondre qu’il s’agit de la représentation de « Minerve ». En effet, un temps, la Jeune République, IIIème de son état, accouchée péniblement des œuvres ensanglantées de La « Grande » Révolution Française et du désastreux IIème Empire, revanchiste et belliqueuse, voulue se doter d’une représentation plutôt martiale en la personne de la « Déesse Minerve » en remplacement de la (trop) paisible « Marianne ».
Pourtant, notre chrononaute curieux, ne manquera pas de remarquer que si la statue est bel et bien représentée avec une lance en main et un casque (posé à côté d’elle sur une souche d’arbre), attributs de la déesse Minerve, il lui « manque » une armure, des guêtres, et des sandales « ailées » pour compléter sa panoplie…
En revanche, examinant le socle qui soutient la statue, il y découvrira les représentations d’une corne de chasse, d’un arc avec son carquois et ses flèches, d’un mouton, d’un loup et d’un sanglier qui sont, eux, les attributs de la Déesse Diane…
Ne manquant pas d’interroger un autre passant, ce dernier lui apprendra qu’effectivement, la légende locale dit que le sanctuaire de Notre Dame d’Alet fut construit sur l’emplacement d’un temple romain dédié à … « Diane ! » - ajoutons en appuis à cette légende qu’il fut trouvé dans le territoire de la commune un cippe dédié à Cybèle offert par une certain Pompéus Cnéius qui, selon un érudit local, ne serait autre que le « Grand Pompée » lui-même.
-« Alors ? Avons - nous là une représentation de Diane ou de Minerve ? »
-« … ! »
Question à la réponse d’autant plus incertaine que lorsqu’on porte cette fois notre attention sur la bouche de la fontaine, on à la surprise de constater qu’il s’agit là, de la représentation de la Gorgone, être appartenant à la mythologie de la Déesse Athéna…
Or, les attributs de la déesse Athéna « englobent » les attributs à la fois de Diane et de Minerve ! Les bourgeois d’Alet sous la IIIème république auraient-ils secrètement portés un culte à la Déesse Athéna ? Incroyable et peu probable…
Mais, il est manifeste que cette statue à été sciemment commandée à un artiste avec ces spécifications si troublantes…
Il y aurait donc une INTENTION, un « message » laissé à l’attention du visiteur perspicace par quelques notables Alétois érudits et « initiés » !
Notre chrononaute qui, avisé, n’aura pas manqué de préparer sa visite, aura très certainement relevé sur le Net qu’il existait aux portes d’Alet, avant l’invasion romaine, un oppidum gaulois appelé Alektha, du nom de la déesse éponyme adorée par les tribus celtes locales. Or, un érudit local, à son tour à fait remarqué la proche similitude d’Aleth (Cité d’Aleth), ancien nom d’Alet Les Bains, avec Aletheia, déesse grecque de « la Vérité »…
Les Grecs établirent des comptoirs sur le Golfe Ligure comme Leucate, Agde, Port Vendre ou Céret. Ils sont donc les premiers explorateurs et « civilisateurs » de nos contrées… N’y aurait-il pas une collusion à découvrir entre Alektha - Athena - Aletheia ?
IV
Encore étourdit par sa révolution autour de la place, prit dans l’inexorable flot de ses réflexions, notre chrononaute aura alors, très certainement, la subite impulsion d’aller voir les vestiges de cet oppidum qu’il sait trouver quelque part en dehors des murailles de la cité, en deçà de la Porte de Cadène, sur la colline, au Nord Est. Là, il s’engage donc dans la « Rue Cadène », rue encore bordée, sur un côté de maisons à colombages. Mais, son élan se trouvera assurément interrompu lorsqu’il remarquera gravée sur la porte (XIIIème siècle) du dernier édifice à colombage la sentence latine « TIMOR DEI EXPULLIT PECATUM » (La crainte de Dieu [pèle] préserve du péché).
Coupé donc dans son élan, mais son esprit encore exacerbé par ses réflexions antérieures, le chrononaute s’interrogera sur le pourquoi d’une telle inscription sur une porte d’habitation ? Il aura beau inspecter les abords ou questionner un éventuel passant, il y aura à parier qu’il ne récoltera aucun indice. Pourtant, c’est à ce moment là, où il allait se résigner qu’Aletheia lui dispensera son "souffle de vérité" et lui suggérera de chercher les causes du « Péché Originel »…
En effet toute la gravité du Péché Originel réside dans ce que Adam et Eve eussent mangés du « fruit » de l’Arbre de la Connaissance (du Bien et du Mal) ! Adam et Eve se sont retrouvés « en état de péché » parce qu’ils ont indûment accédé à une « CONNAISSANCE », à un savoir « INTERDIT ».
Or, dans les temps médiévaux, « l’Eglise » voulu garder le monopole de la « Connaissance » et du savoir. Considérant que laisser accéder à la connaissance les esprits simples et non « préparés » de ses ouailles était trop dangereux pour leurs âmes, l’Eglise mit de nombreux livres - principaux véhicules de la connaissance et dispensateurs de savoirs - « à l’INDEX ». De nombreux ouvrages se retrouvèrent ainsi interdits, et quiconque outrepassait cet interdit encourait l’excommunication, la pire des sanctions pour les pires des péchés…
Loin du poncif faisant de cette époque une ère d’obscurantisme, le Moyen Âge se révèle être une période de recherche effrénée du Savoir, de la Connaissance et de la Vérité. Cette « connaissance » ne pouvant être véhiculée que par l’écrit, par les livres et autres parchemins, des collectionneurs profanes et religieux entreprirent la collecte des précieux ouvrages des philosophes contemporains et de l’antiquité. Ces mêmes collectionneurs, à cette époque où, partage et confraternité n’étaient pas de vains mots, n’hésitaient pas à ouvrir les portes de leurs bibliothèques privées aux étudiants et aux chercheurs…
Arrivé à ces considérations, notre chrononaute n’aura pas du mal à imaginer alors que, derrière cette étrange porte gravée se trouvait jadis une de ces fameuses bibliothèques privées ; la sentence qui y est gravée étant alors destinée à avertir (à rassurer ? : il « suffit » de craindre Dieu pour être à l’abri du péché !) l’usager qui s’apprête peut être à violer l’interdit d’un ouvrage mit « à l’index » (au risque d’y perdre son âme !) …
V
Perplexe, notre chrononaute se résoudra à poursuivre son chemin et, entre ombre et lumière, franchira la « Porte de Cadène ». C’est la Porte Nord pratiquée dans la muraille d’enceinte qui protégeait la Cité des intrusions des bandes armées de « routiers », ces mercenaires devenus bandits par désœuvrement, entre deux guerres opposant les grands puissants et non moins féroces féodaux, suzerains de nos contrées.
Aleth, cité épiscopale et de pèlerinage, le trésor de l’Eglise attirait bien des convoitises et jalousies. La Cité et Abbaye d’Aleth trouvant son ennemie la plus acharnée dans l’Abbaye de Lagrasse qui lui disputait sa prédominance sur l’Abbaye de Saint Polycarpe, près de Limoux
La Porte de Cadène est ainsi nommée parce que, outre un pont à tablier glissant qui enjambait les douves naturelles formées par l’actuel « Ruisseau de Cadène », une solide herse qui condamnait la porte en cas d’attaque et un solide double battant qui achevait de la clore, il y avait une chaîne (cadène = chaîne en occitan) qui la barrait en permanence et qui était destinée à éviter qu’un cheval lancé au galop ne puisse forcer le passage. Cette chaîne resta longtemps fixée au mur jusqu’à ce qu’un jour dans l’après guerre 39 - 45, un camion, de la scierie qui existait l’époque, ne l’emporta sur son passage…
Le jour, où il fallut baptiser les rues de la cité, c’est tout naturellement que les habitants attribuèrent le nom de Cadène à la rue, à la porte et au ruisseau attenant.
VI
Cette porte était jadis l’entrée principale, c’est ici qu’aboutissait l’antique voie romaine (Via Corbensis) qui parcourrait la ligne de crête des collines et des causses, rive gauche du fleuve Aude, avant de redescendre subitement pour traverser le fleuve par l’ancien pont romain dit « Pont du Diable » dont il ne reste plus aujourd’hui que les impressionnants vestiges du pilier central, ancré au milieu du lit du fleuve.
Notre chrononaute qui, avisé, aura consulté le Net, sait déjà que ce pont était attribué au Diable, non seulement parce qu’il était alors un ouvrage des plus imposant, mais surtout parce qu’il présentait l’insolite et inexplicable particularité d’être incurvé sur un angle de 35° vers l’aval à partir du pilier central vers l’aval jusqu’à la rive droite… Jusqu’à aujourd’hui nul n’a réussi à émettre une hypothèse « rationnelle » ou à apporter une justification technique crédible qui puisse justifier du « pourquoi » de cette « anomalie »…
L’esprit de notre chrononaute qui décidément commence à s’habituer à ces exercices de transpositions, aura vite fait de soupçonner que si les autochtones baptisèrent ce pont du nom du « Diable » c’est que leur tradition orale, sans doute, devait en donner une raison sinon « surnaturelle » au moins pour des raisons « empiriques ».
Rappelons ici, une anecdote de l’histoire rapportée par l‘Abbé Lasserre dans son ouvrage « Notice Historique du Diocèse d’Alet » : ce dernier relate l’étrange conduite d’une fraction du peuple celte des Vénètes eux-mêmes composante de la Grande Confédération des Volques Tectosages. Ces Vénètes, donc, à l’issue de leur migration à travers l’Europe d’Est en Ouest, se fixèrent le long de la côte Atlantique, en Charente, Vendée et Armorique, mais voilà que soudain, à peine installés, un important contingent de plusieurs milliers d’âmes, guerriers, femmes et enfants rebroussa chemin, retraversant le Sud Ouest de la Gaule pour venir finalement s’installer dans la vallée d’un fleuve côtier qui prendra le nouveau nom de leur tribu : l’Atax, notre fleuve Aude du nom des Ataces ou Atacins « Peuple Oiseaux ».
Dans son ouvrage « Les Géants Et Le Mystère Des Origines », Louis Charpentier nous suggère que plus qu’une « invasion », l’arrivée des Celtes dans nos contrées fut plutôt une opération de peuplement orchestrée par les Druides. Louis Charpentier fait alors remarquer que les implantations des tribus celtes suivent, comme un fait-exprès, les abornements mégalithiques, les sanctuaires, les forêts et … les îles ou les fleuves « sacrés ». Les Druides - s’avisant assurément, des mœurs belliqueuses et chauvines de nos ancêtres « Les Gaulois » - auraient sciemment organisé la « distribution » des territoires tout en créant des coalitions entre les tribus entourant un territoire-sanctuaire et en laissant à la tribu minoritaire le contrôle direct du sanctuaire. Ces coalitions en question étant établies de sorte que, ni une des tribus « minoritaires » ayant la garde d’un sanctuaire, ni aucune des tribus « usagées » de ce sanctuaire, ne puisse le revendiquer pour son seul bénéfice exclusif, sans que cette dernière n’encoure, à coup sûr, les représailles des autres « coalisés » …
Nous voulons voir les conséquences de cette stratégie dans cette mini migration de Vénètes, devenus « Ataces » parce maintenant « en charge » d’un territoire sacré - en l’occurrence la Vallée de l’Aude - et conscients de devoir vivre un destin à part de leurs frères des côtes atlantiques, ils se devaient de changer de nom…
Ataces : Peuple Oiseau ! Pratiquaient-il « La Langue Des Oiseaux » ? …
Retrouvons notre chrononaute là, où nous l’aurions laissé : c’est-à-dire sur le pont cimenté enjambant actuellement le « Ruisseau de Cadène ». Là, il aura porté son regard sur les seuls vestiges visibles signalant l’emplacement d’Alekta, l’ancien oppidum Atace. Ces vestiges sont constitués d’une sorte de mur naturel, au flanc sud de la colline (150m au nord - Est de la Porte Cadène) où l’on a pratiqué une série de « niches » ou « alvéoles », en ligne, et côte à côte, sur plusieurs niveaux. Ce serait un « colombarium », un mur où jadis on entreposait, enchâssées dans de la chaux, les urnes funéraires contenant les cendres des défunts.
VII
Quelque peu nostalgique devant ce témoignage d’une époque révolue, notre chrononaute rebroussera chemin, repassera la Porte de Cadène pour aller s’engager dans la rue à sa gauche : la « Rue de la Juiverie », jouxtée de la « Rue Marchand (Rue des Marchands ?) ».
« La Juiverie », le quartier Juif, les « marchands » !
En effet, il aurait été plutôt étrange de ne pas trouver un quartier juif dans une cité prospère du Moyen Âge, et de surcroît une cité épiscopale. Si le bas peuple eut toujours des relations assez tranchées avec les Israélites, souvent les honnissant, et les exécrant, tantôts les craignant. En revanche, à l’imitation des Papes, le Haut Clergé, leur accordait volontiers leur protection, trouvant chez eux des lettrés et d’excellents gestionnaires, en ces époques où les hommes instruits étaient plutôt rares. Toutefois dans nos contrées du Sud du Royaume, sous l’effet de ce que l’on appellera « la Civilisation Ramoindine (du nom de la dynastie des Comtes de Toulouse) » qui se traduisit par des mœurs plutôt raffinées avec une large ouverture d’esprit par rapport à l’époque. C’est ainsi que l’on verra les Grands Féodaux protéger et prendre les Juifs à leurs services et les villes leur donner « droit de cité ».
Ainsi on y trouvera des Juifs « Capitouls (l’équivalant aux actuels conseillés municipaux) » ou professeurs dans les Universités de Toulouse et de Montpellier ou précepteurs chez les « Grandes Familles » de la noblesse ou de la bourgeoisie.
On comprendra alors que sous l’impulsion de la Quête de la Connaissance, l’Europe entière, déjà à l’étude de « l’Alchimie », plongea avec engouement dans l’étude de la « Kabbale ».
Un des plus grand mystère du « Peuple Elu » réside dans l’origine et l’usage de son alphabet de 22 caractères à la fois chiffres et lettres. Les textes bibliques de « l’Ancien Testament » sont écrits avec cet alphabet, et il est interdit d’y changer ne serait-ce qu’un « iota », le plus petit de ces caractères.
En effet, les mots écrits avec ces caractères se présentent au lecteur comme une combinaison à la fois de lettres et de chiffres, donc chaque mot, chaque combinaison de mots, chaque phrase a, intrinsèquement, une « valeur numérique » : le fait de retrancher ou d’ajouter une lettre modifiant cette « valeur ».
Or, selon la tradition « kabbalistique », il réside dans chacune des lettres une parcelle du « Verbe Créateur » : par extrapolation, l’acte d’écrire est un acte créateur… susceptible d’avoir directement une répercussion dans l’Univers ! …
On comprendra alors la réserve affichée dans la plupart des ouvrages consacrés à la Kabbale qui nous mettent en garde de n’entreprendre son étude qu’en ayant le cœur pur, et ce, qu’à des fins louables.
Il est écrit que c’est par l’entremise de Moïse de LEON que fut diffusée la connaissance de la Kabbale depuis Narbonne et puis partout en France et en Europe.
Moise de LEON était un rabbin originaire de Burgos en Espagne, or il semblerait qu’il y ait un intervalle de 7 ans entre la date de son départ de Burgos et celle de son arrivé à Narbonne. D’aucuns se plaisent à suggérer que Rabbi Moïse ait pu ainsi transiter durant cette période dans notre bonne vieille Cité d’Aleth …

VIII

Pris dans ses réflexions notre chrononaute aura ainsi arpenté la moitié de la « Rue de La Juiverie », et se retrouvera à l’intersection de celle-ci et de la Rue « Lamouroux ».
« Lamouroux est un patronyme assez courant dan nos contrées, mais ici, nous pensons qu’il s’agit d’un hommage des citadins à un véritable « Amoureux » qui marqua jadis le mémoire des gens du quartier, car sur le linteau de la porte d’entrée de l’avant dernière maison de la « Rue de la Juiverie », un heureux propriétaire à fait signifier « sa joie d’aimer » en y faisant graver un « cœur » entre les chiffres de la date « 17 32 » (17?32) ; ici, nous imaginerons volontiers qu’à l’occasion d’un mariage, le nouveau couple ait voulu ainsi célébrer la datte de leur hyménée.
Mais, il existe dans cette « Rue Lamouroux », un détail nous permettra de spéculer sur ce que cet « Amoureux » en question est une référence à un être beaucoup plus marquant. En effet, la maison sise à l’angle même de la « Rue de la Juiverie » et de la « Rue Lamouroux » possède aussi un linteau avec une datte gravée (1760), mais ici la datte est surmontée d’une croix latine (figurée sans fioriture), et de surcroît, sur l’extrémité droite un « P » ou un « r (rhô grec)» gravé et sur son extrémité gauche, la représentation de l’Equerre entrelacée avec le Compas, le tout inscrit dans un triangle équilatéral. Le linteau, lui-même, en pierre de taille d’un seul tenant évoque fortement le fronton triangulaire d’un temple grec auquel on aurait tronqué les deux angles de sa base…
L’Equerre et le Compas dans le Triangle ! … Tout le monde reconnaîtra là, les symboles maçonniques du « Grand Architecte » : Le GRAND ARCHITECTE, DIEU, le CREATEUR !
Or Dieu a créé avec « AMOUR » : ne serait-ce pas « Lui » cet « Amoureux » évoqué par le nom de la rue ?
Mais Dieu a aussi créé l’Univers avec le NOMBRE, et l’Univers se MESURE et pour prendre ces « mesures » LE GRAND ARCHITECTE utilise l’EQUERRE et le COMPAS…
Ainsi donc, des symboles maçonniques ! Pourtant, si, ici, nous avons bel et bien à faire à des Francs-Maçons, il s’agit là de « maçons opératifs », c’est-à-dire de « véritables maçons », « des ouvriers qui ont pour métier l’art de la construction », des tailleurs de pierres, des sculpteurs… des charpentiers !
Et le linteau de porte est, indéniablement, l’œuvre ou plutôt « le chef d’œuvre » d’un « Maître » Maçon. Nous abordons ici une partie de notre histoire assez méconnue du grand public, celle des « Compagnons » et des « Guildes de Métier ». Depuis l’Antiquité, en ces temps où l’Ecole Publique et Obligatoire n’existait pas, l’apprentissage d’un métier se faisait directement chez un Maître (un patron) où l’apprenti entrait « en métier » au sein de la « Loge » ou de la « Guilde » à laquelle son « Maître » appartenait. Chaque corps métier avait sa loge ou sa guilde, et chaque ouvrier sous le titre de « compagnon » devait de suivre dans sa loge un enseignement spécifique qui l’amènerait à devenir lui-même un « Maître » dans son métier, c’est-à-dire « un compagnon confirmé et hautement qualifié. Pour arriver à ce statut, la Loge qui lui dispensait ses connaissances et savoir-faire dans la condition du « secret », car cet enseignement était à la foi technique et « ésotérique ».
On comprendra la nécessité du « secret » lorsqu’on sait que, du temps où l’Eglise était toute puissante, professer un enseignement « ésotérique » autre que celui conforme à la liturgie admise, se révélait extrêmement dangereux, mais aussi, dans une certaine mesure, le « secret » rendait le travail « sacré » et obligeait l’ouvrier à donner le meilleur de lui-même…
Afin d’acquérir à leur tour « la maîtrise » dans leur métier et pour parfaire leurs connaissances et de s’améliorer sans cesse, les compagnons se devaient de changer fréquemment de « Maître ». Ils allaient ainsi de ville en ville, parcourant ainsi toute la France ; c’est pourquoi ces « compagnons nous plus connus sous l’appellation de « Compagnons du Tour de France ».
Ces compagnons n’ayant pas de foyer propre, chaque ville d’importance avait une maison qui leur était réservé, une sorte du « gîte d’étape pour compagnons ». Dans la littérature consacrée aux rîtes des compagnons ces maisons son appelées « Maison de la Mère » ou « Maison de la Veuve Joyeuse ».
S’il est vrai que la seule femme admise chez les compagnons - afin d’assurer la bonne marche de la maison - était souvent choisie parmi les veuves de compagnons et que chaque compagnon lui devait le plus grand des respect comme si elle fut leur « propre Mère », l’allusion à la « Veuve Joyeuse est de tout autre ordre ».
Ces compagnons avaient donc des secrets « ésotériques » - des secrets « initiatiques » - ces secrets, leur Tradition les fait remonter depuis la plus Haute Antiquité. Si certains font remonter l’origine du « compagnonnage » depuis le chantier du Temple du Roi Salomon en Israël, d’autre vont plus loin encore, ils prétendent que leurs connaissances viennent de l’époque de la construction de la Grande Pyramide, et qu’il faudrait voir dans le symbole de la Veuve Joyeuse, l’évocation de la déesse Isis.
Isis sœur et épouse d’Osiris, « veuve » parce que Osiris fut tué par son frère (jumeau) Seth. Seth démembra et dépeça son frère et répandit les morceaux aux quatre coins de la Terre.
Isis, éplorée, mais ne se résignant pas, entreprit alors une longue QUETE afin de retrouver les morceaux éparts de son défunt époux. Après bien des pérégrinations, elle réussit à reconstituer le corps d’Osiris, et rappelant l’âme de son époux depuis le Royaume des Morts, le « Grand Dieu » féconda « La Grande Déesse » ce qui permit la naissance de « l’Horus », « L’Enfant (de la ) Lumière ».
Tout mythe à « sa » ou ses interprétations : doit-on, comme le propose les sociétés maçonniques, voir dans la Quête (initiatique) d’Isis, le symbole du parcours initiatique du « compagnon » qui va de ville en ville, de lieu en lieu, en « quête » de savoirs-faire et de « connaissance », la « fin » de sa quête survenant au moment où reconstituant tout le puzzle des « connaissances éparses », il réalise l’union mystique entre son « métier » et son « âme » ? Mettant tout son « être et son vécu» dans son « œuvre », il accouche ainsi dans la « Lumière » de l’Alchimie de l’Esprit et de la Matière…
Compte tenu de toutes ces spéculations, cette maison au linteau de porte aux symboles maçonniques serait bien ce qu’on appelle en langage de compagnon, un « cayenne » (de l’espagnol « calleja » : « la » maison dans la ruelle ?). La dernière des preuve réside dans ce que notre chronaunaute ne pourra pas voir, c’est le dernier des symbole, mais gravé cette fois sur la face cachée du linteau : inscrite dans un immense cercle prenant tout le centre, un « Rosace à Six branches ». Ce symbole à bien des interprétations mystiques, mais l’essentiel du symbole tient à ce qu’il « exprime », à ce qu’il renvoie à notre (cœur ( !?)) esprit : la Rosace à SIX branches, crée avec le « COMPAS » et inscrite dans le « CERCLE », le chiffre « 6 » figuration de la SPIRALE, la spirale émanation du cercle, le cheminement dans le CYCLE, le CYCLE dans le chemin (parcours) INITIATIQUE ! …

IX

Notre chrononaute qui se serra pris dans le jeu, pressentira très certainement qu’il se devra de matérialisé son parcours en boucle (en cycle) en se rendant à nouveau sur la place, là où il avait commencé (initié !) son périple dans le temps. Débouchant sur la place en redescendant la « Rue Lamouroux », il remarquera alors un détail qui lui avait échappé lors de son premier passage : l’angle entre l’Ancienne Mairie et les Maisons à colombages est en fait l’entrée d’une petite ruelle, « La Rue Malbec » qui menait à l’époque sur la « Porte d’Aude ». Mut par une soudaine impulsion, il traversera la place, admirant encore une fois les bâtiments à colombages, et suivant la ligne des encorbellements, il découvrira à coup sûr les corbeaux faisant saillie côté rue Malbec soutenant les étages de la maison à l’angle de cette rue et de la Place de la république qui lui étaient cachés jusque là par l’avancée du bâtiment de l’Ancienne Mairie…
Notre chononaute aura alors découvert l’élément le plus mystérieux de la Cité d’Aleth : les Poutres Gravées de la Maison « dite » de Nostradamus…
Il faut faire remarquer qu’il s’agit bien de « poutres gravées » au pluriel…. En effet, là où un visiteur non averti est capable de voir la première poutre avec une première série de trois symboles gravés, souvent il oubli d’en scruté la seconde pour y découvrir six autres signes, trois par faces… Trois symboles gravés sur l’une, six sur l’autre, nous avons donc neuf signes et deux corbeaux…
Notre chrononaute ayant consulté le Net savait déjà que l’on relatait un séjour possible de Michel de Notre Dame, alias « Nostradamus » dans notre bonne vieille Cité. Un chercheur, J.M PELAPRAT, dans un article parut dans la revue « Historia » (numéro 297 hors série : Prophétie et Divination) nous signale que les grands parents de Michel sont originaires d’Alet. Il précise même, que se seraient des juifs « convers » qui auraient pris leur nom chrétien en l’honneur de « Notre Dame d’Aleth ». Les biographies de Michel de Notre Dame nous signalant que celui-ci fut élevé par ses grands-parents, on est endroit de penser que, si le jeune Michel demeura un temps chez ses aïeuls et ces derniers résidant dans à Alet, alors Michel à forcément habité dans notre cité… Où ?, peu importe ! Il n’existe pas d’archives remontant à cette époque ! Mais si l’on devait élire une maison parmi toutes celleq du village, on choisirait très certainement celle-ci par ce frappée de ces énigmatiques poutres gravées.
De surcroît, notre chrononaute aura immanquablement relevé que parmi les trois premiers signes figurant sur la première poutre, celui du milieu représente une « Etoile de David » symbole, le plus connu, s’il en est, de la « Tradition Judéo-chrétienne ».
A ce moment de ses constatations cognitives, notre chrononaute, à l’esprit aiguisé par son récent parcours initiatique, remarquera en plus qu’à l’instar du premier signe à gauche, un blason, un écusson à trois fasces (avec trois bandes horizontales, cette « étoile » est « inscrite » dans un cercle, lui-même « inscrit » dans un écusson… un blason est une représentation « allégorique » des « qualités d’une famille »… Comme un blason arborant une « Fleur de Lys » signale une famille descendant des Rois de France, un blason arborant « l’Etoile de David » dans un cercle ou « Sceau de Salomon » ne peut appartenir qu’à une famille revendiquant être de la « Lignée Royale d’Israël »…
Or, il n’est connu aucune famille de France ou de Navarre qui eusse revendiqué pareil blason… Si ce n’est que le « lit patrimonial » (le lit transmit de génération en génération) de la Marquise de Négrie d’Ables, dernière seigneuresse de Rennes-le-Château était frappée de deux blasons : celui de la famille des Hautpouls, Grands Féodaux de la région aux destinées mouvementées, et … un blason aux armes d’Israël !!!
Ceci nous ramène bien entendu à l’énigme de Rennes-le-Château et l’affaire « Abbé Saunière », mais ceci est une autre histoire…

Nicolas de LEON, Alet les Bains, lundi 14 mars 2005.

 

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