Eglise en rotonde certes,
mais inscrite dans un plan heptagonal ! Un heptagone ! Un polygone
à 7 côtés ! Si jamais un jour vous vous êtes
essayé à tracer un heptagone régulier, vous
savez dores et déjà que l’exploit de l’architecte
qui en traça les plans tient du prodige. Et ce prodige, des
érudits locaux en sont maintenant persuadés, ce n’est
autre que le fameux " Maître de Cabestany " qui
le réalisa. Car ici notre " Maître " anonyme
plus qu’un simple maître imagier, il se révèle
en fait être Maître d’Oeuvre en nous faisant une
démonstration plus qu’édifiante de la subtilité
et de la puissance de l’Art du Trait et de la Science des
Imagiers.
Oui car dans le sanctuaire
rien n’est laissé au hasard : le choix du nombre 7
à lui seul fait office de caractère exceptionnel car
on le rencontre partout aussi bien dans sa simple expression : 7
côtés, 7 chapelles, 7 piliers ; que dans l’expression
de ses multiples : 14 arcades, 28 rangées de pierres formant
la coupole ; et bien entendu aussi dans sa forme symbolique et allégorique
car en fait ces sept piliers se décomposent en 3 piliers
cylindriques enlacés dans 4 piliers carrés. Les trois
piliers cylindriques formant le triangle des Cieux (des dieux),
les quatre piliers carrées aux quatre angles du carré
de la Terre. Par ailleurs nous retrouvons aussi sur les vitraux
de l’église l’allégorie des 7 piliers
de la Sagesse.
L’étude attentive
de l’imagerie de l’église nous réserve
aussi quelques surprises car là où l’on s’attendrait
à trouver la traditionnelle feuille d’acanthe, ici
elle est remplacée par le feuille de vigne : la vigne symbole
de " l’Eglise Chrétienne ".
Une fresque sur un des tailloirs
des piliers cylindriques où l’on veut voir la représentation
de Daniel dans la fosse aux lions rappelle par bien des aspects
le style Assyro – Babylonien où Daniel deviens alors
le Héros Gilgamesh qui s’appuyant de ses mains sur
les têtes des lions transcende les forces sauvages de la Nature
et se métamorphose en demi dieu solaire.
Sur le chapiteau qui correspondrait
au sommet de l’heptagone déterminant l’axe de
symétrie du plan du monument se trouve une représentation
de la Vierge " en majesté " ou " en élévation
" emportée dans les cieux par un cortège d’anges,
mais, détail surprenant, la Mère du Christ est ici
représentée intégrée dans un cartouche
ovale communément appelé " mandorle ". Voilà
qui est pour le moins insolite et exceptionnel car l’usage
canonique d’une mandorle n’est réservée
qu’à la représentation du Christ " en majesté
".
Ici nous touchons peut être
au véritable secret de l’Eglise de Rieux, car voyez-vous,
ce que par euphémisme les gens pieuses nomment mardorles
(en forme d’amande), nous les trouvons dessinées en
centaines voire en milliers d’exemplaires dans les cavernes
des chasseurs du néolithique, et là, tous les spécialistes
vous dirons que ce sont là des représentations stylisées
de " vulves " ou " matrices "...
En insérant la Mère
de Dieu (et part extension la mère de tous les hommes) dans
une matrice, nous entrevoyons à partir de là que l’Imagier,
à voulu ici nous raconter une tout autre histoire que la
simple " Ascension de la Vierge ". En effet la mère
dans une matrice peut se lire : " La Mère, Reine des
Cieux, dans le Sein de la Mère " et cette seconde "
Mère ", n’est autre que la " Mère
De Toute La Création ", notre mère à tous,
notre Mère Gaïa, Notre Mère La Terre …
A proximité de cette
Image ; les visiteurs d’aujourd’hui peuvent deviner
la trappe d’accès à une cavité pratiquée
dans le sous-sol du sanctuaire et qui, dans le temps, fut agrandie
pour servir de caveau funéraire aux seigneurs locaux . On
sait maintenant que les dimensions d’origine excluaient toute
utilisation de cette cavité comme crypte où à
tout autre usage " humain ".
Nous pensons que nous nous
trouvons ici en présence, tout comme dans les anciens sanctuaires
mégalithiques, d’une cavité destinée
à servir de " caisse de résonance " aux
vibrations naturelles émises par l’activité
tellurique de la Terre ; l’appareillage étant complété
par une ouverture sur la voûte aujourd’hui obturée
qui reliait le chœur au clocher, la Terre au Ciel…
A la lumière de ces
constatations et spéculations, nous conclurons qu’ici,
comme dans bien d’autres sanctuaires chrétiens, le
Maître d’Oeuvre à employé toute sa science
pour bâtir un vaisseau de pierre utilisant les énergies
telluriques et cosmiques destiné à transcender (à
améliorer) l’humain pour le transformer en Homme (Homme
Vrai tel qui devrait être à l’origine de sa création
selon les desseins de Dieu )...
Endel, Alet les Bains, le
jeudi 22 mai 2003.